22 Février 2022
Cokés à la tech
Et si toutes les “méthodes” ne servaient à rien et qu’il fallait simplement se connecter à son joueur ?
J’étais en train de me dire que l’école que j’ai faite m’avait abîmé, me dépouillant d’un désir de jouer. Car c’est à partir de ce moment là, le national, que quelque chose s’est perdu en chemin, comme dérobé.
Sur Insta, j’ai lu sur un profil : “Fuyez les gens qui se prennent au sérieux”
Je me suis dit : “merde!” Je crois bien être passée de ce côté-là de la barrière.
Parce que j’arrive à me souvenir d’avant et l’insouciance et l’envie d’être ici – sur scène, en répète – sans soucis, pas de Stanislavski, Grotowski & Cie.
Juste la jeunesse et la joie. Par jeunesse j’entends la curiosité, la liberté de se tromper et l’humilité de l’écoute.
C’était la période où on faisait ça pour le kiff et les potes. Se construisait alors l’idée du métier rêvé, mais tout reste encore léger.
Et puis on concrétise cette idée. Passer “pro” plus d’amateurisme, non ! Vouloir être “pro” devenir et être une “actrice” penser à l’impact, penser aux César et aux prix, avoir un œil critique, rôder sa manière de penser, se former.
Et là on devient sérieux.
“Il faut” devient un mantra
“Être faux” le début des tracas
“Jouer juste” – “Toucher” l’objectif, le Graal sacré.
Et toutes ces méthodes qu’on apprend à l’école deviennent essentielles pour être prise au sérieux.
Eh, oui, môôôdame, qu’on m’appelle maintenant, “la professionnelle”.
>> Comment parler, comment marcher trouver la justesse timbrer projeter se détendre se relaxer mais pas trop travailler le pourquoi du comment où ça ou bien avec qui pour qui selon qui et la retard pensée ici présente de l’auteur ou bien de quoi du metteur pourquoi en scène attention fais gaffe aux lumières ! Un peu plus oui sur ta droite oui ! cour jardin là où jardin où cour coooours ! Ton personnage oui non y’a pas si non de personnage ah bon ah non rouge bleu blanc noir plus vite rythme allez au bord pimpe l’émotion pouah montre-toi moins plus subtil mais pour mais que mémoire c’est trop psycho pas assez logique c’est pas oh si une thérapie il faut d’la vie c’est ça mais ne soit pas Théa tu râles précise ton regard mais à qui tu parles ?
Trop, trop, plein d’infos, en tête.
Au prochain action, tu es matraquée par ces questions.
C’est de la technique, juste de la tech. Seulement des points techniques. Yep, une aide aux corps à l’heure de jouer, un complément non pas un substituant qui enlève toute matière d’être. La méthode c’est toi, Brrrah ! faut suivre sa foi. L’indicateur est la joie.
Ne pas se laisser dérober l’enfant qui joue. L’enfant peut jouer de et avec tout. C’est la source, là d’où provient notre extraordinaire imaginaire et nos tentatives infinies de créer du plaisir en réinventant constamment son monde, c’est de là d’où naît le génie ; non pas comme une qualité exceptionnelle et sélective mais comme un pouvoir universel et singulier qu’on s’est permis d’oublier.
La technique, c’est nous. La technique apprise est l’outil, le complément parfois utile, ce sont des possibilités, des clés de compréhension. Mais la technique de jeu, c’est nous. Personne ne peut connaitre notre fonctionnement mieux que nous-même, donc apprendre son fonctionnement, c’est ça la technique ! Comprendre ce qui appelle et déclenche nos actions, nos pensées c’est la technique.
La technique, c’est nous. Tout le reste est facultatif.
Pensez à un moment où vous jouiez sans enjeux. Cette sensation qui revient dans le corps, ça fait du bien, non ? Du bonheur pur, de juste penser à ce souvenir et de le transporter au moment présent, là-maintenant. ça donne une énergie nouvelle, plus saine qui je pense est le cœur de notre terreau secret, l’antre de la création.
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